Le développement affectif de l’enfant : grandir et s’épanouir !



En grandissant, les besoins de bébé et de l’enfant évoluent au fil des mois des premières années. Son développement affectif est intrinsèquement lié à celui de son développement moteur. C’est pourquoi Sigmund Freud, père fondateur de la psychanalyse avait défini 5 stades dont 3 pendant la petite enfance. Quelles sont les grandes étapes ? De quoi a-t-il besoin pour grandir tout en s’épanouissant ? Réponse dans cet article avec l’expertise des Éditions du CHU Sainte-Justine.

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C’est quoi le développement affectif de l’enfant ?

Il s’agit de tout ce qui se rapporte à l’affectivité. Le développement affectif de l’enfant fait donc référence à ses émotions, ses sentiments, tout ce qui touche à son bien-être émotionnel et donc, de la psychologie. Dans son développement affectif, il est question de besoins individuels et personnels et de la façon dont il les exprime en tant qu’individu unique.

Tous les professionnels de la petite enfance s’accordent à dire que pour bien grandir, il a avant tout besoin de se sentir en sécurité. C’est pourquoi il est si important de créer dès les premières secondes un lien affectif fort.

Cet amour va constituer un socle solide qui lui permettra de traverser les différentes étapes du développement affectif : la plus importante étant de prendre conscience de lui-même.

En se sentant aimé, donc important, il prend confiance en lui et se sent capable de passer avec succès les étapes de la croissance : l’apprentissage de la marche, l’apprentissage de la propreté, l’entrée à l’école, autant de temps forts qui le conduisent vers plus d’autonomie.

C’est pourquoi Françoise Dolto, figure emblématique de la psychologie infantile, comparait le développement affectif de l’enfant au cycle de vie du papillon : en grandissant, il se métamorphose et va pouvoir voler de ses propres ailes.

Le développement affectif durant les premiers mois : besoins primaires et théorie de l’attachement

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Le développement affectif du nouveau-né et de bébé est intimement lié à ses besoins primaires : manger, dormir et être cajolé. À cela s’ajoute l’un des plus grands besoins émotionnels : la sécurité affective. La naissance est une importante transition pour lui : il doit dorénavant apprendre à vivre en dehors du ventre de sa maman. Cette séparation physique va être comblée dans la construction de liens affectifs pour lui permettre de grandir à ses côtés et avec d’autres personnes. C’est ce que les spécialistes appellent la « théorie de l’attachement ».

Comment favoriser le développement affectif de bébé les premiers mois ? Avec des habitudes et gestes simples parmi lesquels :

  • Le « peau à peau » : souvent adoptée quelques secondes après sa naissance, cette pratique permet à bébé de percevoir la chaleur et la douceur de la peau de ses parents. Il retrouve le souffle et le rythme cardiaque qui l‘a bercé durant 9 mois et associe des odeurs familières.
  • Les câlins, les gestes de tendresse et les bisous : durant les premiers mois, ces gestes sont fondamentaux pour son bien-être psychologique. Les études scientifiques[4] ont d’ailleurs démontré que les câlins libéraient 2 hormones : l’ocytocine, l’hormone du bien-être et la somatotrophine, l’hormone de la croissance. Avec des câlins, le cerveau d’un enfant se développe normalement et vous contribuez à son bien-être affectif.
  • L’allaitement : il permet d’associer plaisir (peau à peau, besoin de succion) et besoin primaire (être nourri). C’est un prolongement fusionnel du couple mère-enfant en dehors du corps qui favorise le développement affectif du nouveau-né et de bébé.
  • Le cododo pour les temps de sommeil : bébé peut dormir en toute sécurité à vos côtés (sans risques d’étouffement) avec toute l’attention dont il a besoin.

En grandissant, sa vue se développe et se perfectionne : ce qu’il percevait de façon floue devient plus clair et net, son besoin de sociabilité augmente en même temps. Bébé cherche à capter votre attention et votre regard pour communiquer avec vous. Répondez à ces signes en lui parlant avec de gestes tendres. Vous ne ferez que favoriser son développement affectif.

Vient aussi le moment du sevrage et de la diversification alimentaire. Une étape primordiale, car il continue de prendre conscience de son individualité (dissolution progressive du couple « mère-enfant »).

Les 3 premières années : le développement affectif et social

Ses sens se développent et participent à son éveil. Avec la vue et l’apparition de la notion de profondeur (proche/distant), il entre en relation avec le monde. Son développement affectif de 0 à 3 ans va alors prendre une autre dimension et s’élargir pour embrasser tout son environnement. Son développement affectif se construit dans la relation avec les autres et reste lié à son évolution psychomotrice : sur les fesses, à 4 pattes puis debout, il se déplace et explore le monde dans lequel il se meut. Les sorties au parc, les réunions familiales, son entrée en collectivité (assistante maternelle ou crèche), lui permettent de rencontrer d’autres enfants et de s’épanouir sans l’attention de ses parents.

Pour oser s’aventurer plus loin de vous et développer son intellect, il devra se sentir en confiance et aura besoin de votre approbation pour se sentir libre d’expérimenter. La sécurité de bébé à la maison est primordiale : pensez à sécuriser les lieux dangereux afin d’éviter les accidents domestiques. Un parent zen, c’est un bébé zen !

Son développement affectif passera également par cette phase d’affirmation de son moi et la construction de son identité : il crie et se fâche pour faire comprendre ses souhaits et ses émotions deviennent plus fortes.

C’est aussi la période au cours de laquelle il va commencer à aller vers les autres. Son besoin de se sentir en contact avec autrui grandit et il découvre à cette période le sexe opposé (différence fille/garçon). Il grandit en découvrant la notion de familier (associée au sentiment de sécurité) et la notion de l’étranger (nouvelles personnes, peur de l’inconnu, angoisse…) : ses émotions oscillent curiosité, soif de découverte, timidité et l’angoisse de la séparation.

D’autres sentiments font leur arrivée : la fierté (de manger seul, de s’habiller seul, de se déplacer), la honte, les grosses colères (le refus des premières règles, les « non » et la recherche des limites parentales) et la peur (du noir, la peur liée aux histoires).

Cette période de contradiction laisse souvent entrevoir des troubles du sommeil tels que les terreurs nocturnes, mais elles sont normales et passagères et font partie de son développement affectif.

De 3 à 6 ans : vers la maturation et la compréhension globale

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Après le fameux complexe d’Œdipe au cours duquel le petit s’identifie et s’associe au parent du sexe opposé en pensant que c’est avec lui qu’il passera le reste de sa vie, l’entrée à l’école est une nouvelle séparation. Une phase essentielle dans son développement affectif qui lui permet de construire son identité et de forger sa personnalité en dehors de la cellule familiale.

Grandir en collectivité, être au contact de personnes méconnues correspond à une phase d’acquisition de règles de vie en société : son développement affectif se structure avec des règles et ses émotions évoluent avec elles.

La pratique des activités parascolaires lui permet aussi de développer ses sens, sa motricité fine et participe à son développement affectif : désormais, son bien-être psychologique passe aussi par l’acquisition des connaissances.

Pendant cette période, son évolution neurologique lui permet de comprendre l’édiction des règles : le fait qu’elles soient bénéfiques pour sa sécurité physique et affective.

Troubles du comportement et objets de transition : écoute et gestion des émotions

Grandir est un processus naturel, mais complexe, lié à la fois aux étapes de croissance et à la psychologie. On parle d’ailleurs de santé mentale de l’enfant.

Son développement affectif peut être mis à mal par différents évènements plus ou moins importants (déménagement, décès, disputes conjugales, arrivée d’un nourrisson, etc.) et troubler son bien-être psychoaffectif. Différents symptômes peuvent apparaitre :

  • Des retards d’apprentissage, voire refus,
  • Des troubles du sommeil (cauchemars, terreurs nocturnes, pipi au lit),
  • Des maux de ventre ou de tête,
  • Des troubles du comportement alimentaire (perte d’appétit ou boulimie).

Pour prévenir ces troubles et favoriser son développement affectif :

  • Préservez-le des tensions des adultes.
  • Laissez-place à la discussion et à l’échange pour mettre des mots sur les maux. Avant l’acquisition du langage, expliquez-lui de façon simple ce que vit la famille.
  • Aidez-le à expliquer et gérer ses émotions : posez-lui des questions, discutez, proposez-lui de s’exprimer par le sport ou le dessin. La lecture et les livres peuvent être d’un grand soutien.
  • Accompagnez ces transitions en douceur et mettez à sa disposition des objets de transfert émotionnel, comme un doudou par exemple pour faciliter la séparation.
  • N’hésitez pas à consulter votre médecin, pédiatre ou un pédopsychiatre si son mal-être persiste ou que vous vous sentez désarmé.

Vous l’aurez compris, son bon développement affectif est essentiel. En tant qu’adulte et parent, votre rôle est de veiller à son bien-être et de trouver un juste équilibre entre votre proximité affective et son autonomie.


Sources :

Francine Ferland. Le développement de l’enfant au quotidien de 0 à 6 ans. CHU Sainte-Justine. 2004.

L’express. (Page consultée le 06/12/2019). https://www.lexpress.fr/actualite/societe/1988-francoise-dolto-la-parole-aux-enfants_2020142.html

SWI. (Page consultée le 09/12/2019). https://www.swissinfo.ch/fre/chuv–les-c%C3%A2lins–un-bienfait-pour-les-pr%C3%A9matur%C3%A9s/43034604