Angoisse de séparation chez le bébé : comment la gérer sereinement ?



Votre bébé ne sourit plus au premier venu ? Il se met à pleurer dès que vous faites mine de vous éloigner ? Déroutante pour les jeunes parents, l’angoisse de séparation chez le bébé est le signe que votre enfant grandit et s’ouvre au monde. Découvrez comment surmonter la crise du huitième mois en douceur.

Qu’est-ce que l’angoisse de séparation ?

L’angoisse de séparation est une étape-clé du développement psychique de l’enfant qui survient vers l’âge de 8 mois. Elle se manifeste par une peur de l’inconnu et une réaction de détresse en cas de séparation physique avec sa (ou ses) figure(s) d’attachement(s), c’est-à-dire les personnes qui prennent soin de lui et auxquelles il est attaché. Mamans et/ou papas, elle peut concerner les deux parents. Elle peut toutefois être plus prononcée envers celui qui passe le plus de temps avec l’enfant.

Vers une prise de conscience de soi

D’où naît cette angoisse subite ? Pour mieux la  comprendre, attachons-nous à l’évolution des relations affectives au cours du développement du bébé. Durant ses premiers mois de vie, le nourrisson émerge progressivement de la symbiose fusionnelle avec sa mère pour prendre conscience de sa propre individualité. C’est ce processus qui est à l’origine de l’anxiété de séparation.

Uniquement centré sur ses affects et ses besoins, le nouveau-né alterne entre des états de plaisir et de déplaisir liés à la satisfaction de ceux-ci. En lui procurant tout ce dont il a besoin, vous contribuez pleinement à son bien-être. Il vous considère comme faisant partie intégrante de lui. Entre 2 et 6 mois, son univers se différencie. Bébé commence alors à s’intéresser aux visages humains. Il sourit à tout le monde, de ses grands-parents à tous les inconnus que vous rencontrez lors de vos balades quotidiennes. Ce premier sourire marque le début d’un changement dans sa perception du monde : il commence à considérer les autres personnes comme des êtres distincts.

L’angoisse, un affect normal

Un peu plus tard, vers 5 mois, ce sourire s’efface en présence d’un visage étranger pour laisser place à des manifestations de désarroi. Capable de distinguer les visages familiers et non familiers, votre enfant devient plus sélectif dans ses réactions vis-à-vis des personnes. Il est également plus actif dans sa recherche de proximité et craint les séparations. Quand vous partez, il s’imagine qu’il va vous perdre de manière définitive. Pourquoi une telle anxiété de séparation ?À cet âge, bébé ne comprend pas qu’une personne ou un objet existe toujours, même lorsqu’il ne se trouve plus dans son champ de vision. Il n’a pas encore acquis la notion de « permanence de l’objet ». L’angoisse apparaît  donc comme une réaction normale face au danger que cette perte implique. Progressivement, il comprendra que cette séparation est provisoire et qu’il va rapidement vous retrouver.

Comment se manifeste l’angoisse de séparation chez le bébé ?

Véritable chamboulement émotionnel pour le tout-petit, l’angoisse du huitième mois donne lieu à des manifestations variées qui peuvent sembler déroutantes pour les parents et l’entourage. Votre bébé qui souriait à tous et se laissait prendre dans les bras facilement refuse désormais tout contact avec toute personne autre que ses parents.

Tous les bébés ne vivent pas cette peur de la séparation avec la même intensité. Alors que certains vont juste baisser timidement les yeux ou cacher leur visage en présence d’un inconnu, d’autres vont manifester leur désarroi par des pleurs intenses, s’agripper à leur parent, voire le poursuivre lorsqu’il quitte la pièce.

Durant cette période, confier votre enfant à une tierce personne peut être plus difficile. Toute situation nouvelle lui fait peur et nécessite un temps d’adaptation. Progressivement, il apprendra à se détacher de vous et vivra les moments de séparation avec moins d’appréhension. La nouveauté peut le perturber jusque dans son sommeil. Il peut donc lui arriver de se réveiller la nuit en pleurant. Percevant l’eau comme un milieu étranger, il peut aussi ne plus aimer prendre son bain.

L’angoisse de séparation chez le bébé dure quelques mois seulement. Les premières manifestations peuvent faire leur apparition vers l’âge de 6/7 mois, pour culminer vers 8 mois. Cris, pleurs et protestations, ces comportements sont amenés à diminuer progressivement vers 9-12 mois. L’enfant acquiert alors cette notion de permanence de l’objet et devient capable de se détacher du besoin de perception.

Comment réagir face à l’angoisse de bébé ?

Bouleversante pour les tout-petits, cette expérience laisse aussi certains parents démunis. Faut-il le laisser pleurer ? Comment le consoler et l’aider à s’endormir ? Quelle attitude adopter s’il se colle à vous en présence d’étrangers ? Gardez à l’esprit que cette angoisse est constructive et témoigne d’une difficulté à s’approprier une situation.

Attitudes pour atténuer les peurs de bébé

Pour aider votre enfant à traverser cette expérience, restez détendu(e) et serein(e) face à une séparation. Votre inquiétude ne ferait qu’amplifier la peur de votre bébé. Vous pouvez lui expliquer qu’il est entre de bonnes mains et que vous avez toute confiance dans la personne qui va s’occuper de lui. Pour diminuer son anxiété, vous pouvez le rassurer d’une voix sereine en quittant la pièce et lui donner des repères concrets concernant le moment de votre retour (après le dodo, pour la compote, …).

Attirez son attention et faites-lui un signe de la main au moment de vous éloigner. Même s’il pleure lors de votre départ, il l’acceptera beaucoup mieux que si vous quittez la pièce en douce ou pendant sa sieste. Il boude, pleure ou vous ignore lorsque vous venez le chercher le soir ? Ne lui en voulez surtout pas. Amour, colère et tristesse, votre bébé est partagé entre des sentiments parfois contradictoires. Il viendra vers vous de lui-même.

Voir du monde participe à la socialisation et au développement de l’autonomie du jeune enfant. S’il se montre timide face aux inconnus, vous pouvez le rassurer en le prenant dans vos bras. Laissez-lui le temps de s’habituer et de se sentir en confiance avec ces nouvelles personnes. Pour l’aider à dépasser ses peurs, il est important d’être à l’écoute et d’accueillir ses émotions plutôt que de le forcer.

Garde partagée : que faire ?

En cas de garde partagée, il est important d’instaurer les mêmes routines chez les deux parents : heure des repas, rituel du coucher, etc. Vous pouvez également disposer un cadre avec une photo de l’autre parent dans sa chambre ou lui laisser un vêtement imprégné de son odeur. Enfin, quelle que soit la personne à qui vous le confiez, il se sentira rassuré en présence de son doudou.

Le développement de l’enfant est émaillé de grands pas en avant et de petits pas en arrière. Saine, cette période d’angoisse témoigne d’un véritable progrès dans sa relation à l’autre et dans la construction de sa personnalité. Attaché à ses parents depuis sa naissance, le tout-petit expérimente la réalité pour apprendre à trouver la bonne distance.


Sources

Fédération Wallonie-Bruxelles. (page consultée le 29/09/19). Yapaka, [en ligne]. http://www.yapaka.be/page/langoisse-est-elle-nocive-pour-les-enfants

Guidetti M, Tourrette C. Introduction à la psychologie du développement. 3ème éd. Paris : Armand Colin; 2008.

Marcelli D, Salinier C. (page consultée le 29/09/19). Mpedia, [en ligne]. https://www.mpedia.fr/art-angoisse-du-8eme-mois/