Comment maintenir une bonne santé mentale chez l’enfant



L’enfant a besoin d’équilibre, de repères, de sécurité affective et de stabilité pour bien grandir en étant bien dans sa tête. La santé mentale est un volet important de sa croissance, au même titre que son développement moteur ou cognitif. Mais c’est une notion complexe liée à la psychologie infantile et à son développement affectif. Le terrain héréditaire, l’environnement dans lequel il grandit, l’éducation parentale et les évènements pouvant intervenir au cours au cours de l’enfance peuvent avoir une influence. Comment faire pour avoir une bonne santé mentale ? Qu’est-ce que le bien-être ? Comment chasser les angoisses et le stress ressentis en lui ? Comment déceler d’éventuels troubles dès le plus jeune âge ? Réponses dans cet article avec l’appui des revues scientifiques de la base de données Cairn.info

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Santé mentale : définition et grands principes

Pour l’OMS, la santé mentale est « un état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté ».

Ainsi la santé mentale est au carrefour des questions psychiques, sanitaires et sociales. Elle est intrinsèquement liée au sentiment d’épanouissement personnel et de bien-être. Elle fait lien avec une notion très subjective, mais néanmoins universelle: le bonheur ou plus exactement le ressenti de chacun par rapport à cet état émotionnel. Il existe de fait autant de définitions différentes que de personnes, car la quête du bonheur est très personnelle.

Elle s’appuie sur des droits fondamentaux (tels que la liberté de parole et de mouvement), sur des besoins sociaux comme le fait de pouvoir entrer en relation avec autrui (interactions sociales) et sur des notions plus personnelles liées à la singularité de chacun (aspirations, besoins et envies au quotidien propres à chaque individu). Depuis quelques années, la santé mentale est devenue une problématique publique compte tenu des chiffres (extraits du rapport de synthèse “La santé mentale des enfants et des adolescents en Europe – septembre 2018”) soulignant la souffrance psychique des enfants : elle est malheureusement la première cause de mortalité des 15/25 ans (après les accidents de la route) liée au suicide, soit 16% des jeunes. L’enquête dévoile également que 10 à 15% des adolescents avouent avoir vécu des périodes difficiles d’un point de vue psychologique en raison de conditions de vie personnelles compliquées et de difficultés scolaires. Elle met également en évidence que 17% des ados ont déjà connu un épisode dépressif. 

Face à ce constat alarmant, la santé mentale des enfants et des adolescents est devenue depuis 2015 une préoccupation majeure du gouvernement : ainsi l’État établit et met en place une stratégie nationale s’échelonnant sur plusieurs années (exemple : le plan d’action interministériel 2017-2022).

C’est une question tellement importante qu’une journée dédiée à cette pathologie a été créée pour sensibiliser un large public : ainsi la journée mondiale de la santé mentale se déroule chaque année le 10 octobre. C’est même un droit fondamental inscrit dans la Constitution des Droits de l’enfant, car sans bonne santé mentale, pas de croissance optimale. Mais qu’en est-il des tout-petits ? Quels facteurs et éléments de vie conditionnent la santé mentale au cours de la petite enfance ?

La santé mentale de 0 à 8 ans

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Les besoins et les facteurs de bien-être évoluent au fil des mois pour bébé et des années pour l’enfant :

  • De 0 à 1 an : sa santé mentale est intrinsèquement liée aux besoins primaires, à savoir, manger, dormir, se sentir en sécurité affective. C’est pourquoi il est essentiel d’observer le nourrisson et d’être à l’écoute de ses besoins, car il n’a pas encore fait l’acquisition du langage. Il est tout aussi important de passer de bons moments avec votre bébé, quelle que soit leur durée, et de lui communiquer tout votre amour avec des câlins, des marques de tendresse, des échanges visuels et vos paroles réconfortantes. Ses rictus et ses sourires sont un bon indicateur de son bien-être physique et psychologique (et donc de sa santé mentale).
  • De 1 à 3 ans : cette période est marquée par l’envie d’exploration sur le plan moteur, la construction de son identité et l’affirmation de soi sur le plan psychologique. Aux besoins primaires s’ajoutent ces derniers : il vous faudra sécuriser la maison pour assouvir sa soif de découverte, l’autoriser et lui permettre de faire des choses seul sans danger (tenir sa cuillère, son biberon, s’habiller, découvrir la maison, etc.). Dans cette quête d’autonomie, sa santé mentale en dépend, vous ferez de lui un enfant épanoui et heureux.
  • De 4 à 8 ans : il perfectionne sa motricité fine et entre vraiment en relation avec le monde, ses journées se structurent avec moins de présence parentale, car il passe une majeure partie de son temps à l’école. Son besoin de sécurité affective augmente généralement en fin de journée, la routine du soir et la lecture d’histoires favorisent son bien-être et son endormissement. C’est l’âge des premières activités extrascolaires, il découvre le monde en dehors de la cellule familiale, il y construit des relations amicales. L’activité physique est essentielle, car en plus de rester en forme et limiter les risques d’obésité et de surpoids, pratiquer un sport permet de libérer l’endorphine, et la dopamine, 2 hormones du bien-être. De plus, le sport favorise l’estime de soi : se bouger, c’est aussi se sentir mieux dans sa tête dans son corps et accepter ce dernier plus facilement.

Un enfant en bonne santé mentale est un petit qui rit, sourit, parle, s’exprime et joue, qui est dynamique et enthousiaste, ouvert au monde !

Les troubles de santé mentale au cours de l’enfance : maladies, symptômes et causes

Qu’est-ce qu’un trouble de la santé mentale ? Il existe différents niveaux qui peuvent aller du “simple” mal-être aux maladies mentales, souvent associées à tort à des déviances psychiatriques et donc une connotation très négative. Mais les pathologies associées aux troubles de la santé mentale chez l’enfant sont multiples, diverses et complexes. Il peut s’agir de :

  • Troubles du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) ;
  • Troubles du comportement ;
  • Troubles du comportement alimentaire ;
  • Dépression ;
  • Troubles de l’attachement ;
  • Autisme ;
  • Addiction (aux jeux vidéo surtout).

Les symptômes peuvent être divers : anxiété, angoisse, idées noires, colère, pleurs réguliers, tristesse récurrente, hypersensibilité, suractivité ou au contraire sédentarité, difficultés de concentration, repli sur lui, enfant peu communicant.

Les causes peuvent être d’origine très différentes, le corps médical évoque souvent :

  • Les facteurs génétiques ;
  • Les conflits familiaux (dont divorce ou séparation) ;
  • Des événements chocs (rupture familiale, décès, etc.) ;
  • Des difficultés d’adaptation (suite à la mise en place d’une garde partagée ou exclusive, un déménagement, un changement d’habitude important, une modification de ses repères) ;
  • Des problèmes de violence (l’enfant est victime de harcèlement sexuel, physique ou verbal, à l’école, à la maison ou dans la famille) ;
  • Un manque d’estime, de confiance en lui, un manque de sécurité affective ;
  • Un quotidien compliqué (une situation de pauvreté, une séparation parentale mal vécue, des disputes régulières au sein de la fratrie, un manque de structuration des journées liées à la déscolarisation, une maladie chronique, etc.) 

Certaines pathologies liées aux troubles de la santé mentale ont des conséquences importantes sur le développement moteur et la croissance des petits. Il est primordial d‘effectuer les examens médicaux obligatoires pris en charge par l’Assurance Maladie, ils permettent d‘assurer un suivi médical préventif et de déceler d’éventuels problèmes.

Comment diagnostiquer le mal-être chez les enfants ?

Observez l’enfant et son comportement : il semble se replier sur lui-même, il ne discute plus autant, il vous paraît tout à coup distant, il a des excès de colère, une attitude violente soudainement ? 

Pour l’enfant qui ne parle pas beaucoup ou n’a pas encore fait l’acquisition du langage, redoublez de vigilance quant à son comportement, observez ses dessins, les couleurs utilisées et les formes représentées, car écrire et dessiner sont une autre façon de s’exprimer (communication non verbale).

Ses nuits sont agitées, il a le sommeil difficile, il éprouve des difficultés pour s’endormir, il passe beaucoup de temps devant les écrans et le soir ?  Il peut s’agir de signes annonciateurs. 

Ces changements soudains de comportement doivent vous alerter et vous inciter à consulter son médecin traitant ou le pédiatre qui le suit.

Essayez aussi d’en discuter avec lui, appuyez-vous sur des livres : ils peuvent vous permettre de trouver les bons mots.

Sachez que différents tests de santé mentale sont possibles ainsi que des outils de dépistage, parlez-en avec un professionnel, il pourra également réaliser des examens cliniques afin d’établir un diagnostic et déceler une éventuelle maladie.

Comment favoriser la bonne santé mentale ?

Pour être bien dans sa tête et s’épanouir, le petit a besoin de grandir dans un environnement sain et stable : 

  • Dites-lui régulièrement combien vous l’aimez (primordial pour l’estime de soi), il a besoin de sentir que sa place au sein de la famille est précieuse, quelle que soit la situation (protégez-le des conflits familiaux) ;
  • Soyez à l’écoute de ses besoins ;
  • Laissez-le s’exprimer et parler (le dialogue et la communication sont essentiels) ;
  • Construisez dès les premiers mois après sa naissance des liens affectifs forts et entretenez-les (le rôle des parents est de chérir et d’éduquer leurs enfants, de passer du temps avec eux – devoirs, activités récréatives, activités physiques en famille, etc.) ;
  • Apprenez-lui à être heureux, loin des standards imposés par la société de consommation, inculquez-lui les petits bonheurs du quotidien (un principe fondamental de la parentalité positive).

Être heureux, bien dans sa tête cela s’apprend et se cultive, c’est un état d’esprit dont vous serez le guide en tant que parent !  


Sources :

Maurice Tubiana.Santé mentale de l’enfant- Conclusions du rapport à l’Académie de médecine. VST – Vie sociale et traitements 2006/3 (no 91), pages 116 à 143. https://www.cairn.info/revue-vie-sociale-et-traitements-2006-3-page-116.htm (Page consultée le 24/12/2019).

NOC | Défenseur des droits . Rapport de Synthèse “La santé mentale des enfants et des adolescents en Europe – septembre 2018 – page 8”. https://juridique.defenseurdesdroits.fr/doc_num.php?explnum_id=17917 (Page consultée le 24/12/2019)