Séparation et garde partagée : comment veiller au bien-être de l’enfant ?


La séparation du couple est difficile pour les parents comme pour les enfants. L’annonce de la séparation et la façon dont la suite des événements se déroulera tient une place importante. D’ailleurs « la recherche démontre que ce n’est pas la séparation qui est le plus difficile pour un enfant, mais la façon dont les parents se séparent ». Il est important que les parents clarifient ensemble comment ils voient les choses.

C’est quoi la garde partagee
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C’est quoi la garde partagée ? 

Quelle est la différence entre garde alternée et partagée ? Juridiquement, ces deux appellations désignent le même arrangement. L’autorité parentale est conservée par les deux parents à parts égales, et l’enfant réside aussi bien chez l’un que chez l’autre. Il a donc deux maisons dans lesquelles il a peut-être sa propre chambre, son espace à lui, avec ses affaires, pour qu’il s’y sente bien et trouve sa place au sein de chaque foyer.

Dans le cadre d’une garde partagée, l’une des principales difficultés est la question de l’éducation. Car s’il se partage entre ses parents, il peut vite être perdu si les grands principes éducatifs sont aux antipodes entre chacune de ses deux maisons. La garde partagée impose aux adultes d’être sur la même longueur d’onde afin que l’enfant grandisse sainement et qu’il s’établisse une continuité d’un foyer à l’autre. Cette structuration est essentielle pour fixer ses repères et recréer un socle solide.

Quel âge pour la garde alternée ? Voilà une question qui revient régulièrement. C’est une problématique complexe, sur laquelle les professionnels de la petite enfance ont du mal à se mettre d’accord. Certains conseillent de ne pas mettre en place la résidence alternée avant l’âge de 2/3 ans. D’autres en revanche recommandent d’attendre plutôt ses 6/7 ans. Si les avis divergent, la garde partagée doit avant tout être un choix pleinement réfléchi et raisonné et être perçue par les parents comme la meilleure solution. Elle doit apparaitre comme celle préservant au maximum le bien-être et les intérêts de l’enfant.

Garde partagee et bien etre de l’enfant
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Annonce de la garde partagée et accueil des émotions 

La séparation ou le divorce peut être ressenti et perçu par l’enfant comme un désamour envers lui-même. Il est primordial de le rassurer et de lui rappeler que le conflit n’est pas de son fait, il n’en est pas responsable. Ôtez-lui toute culpabilité pour lui permettre d’avancer plus facilement.

Il vous faudra néanmoins lui expliquer simplement les raisons de cette rupture familiale en prenant soin de choisir les bons mots pour qu’il comprenne la situation. Mais n’entrez pas dans des détails d’adultes.

Apportez-lui autant d’informations concrètes que possible sur son quotidien une fois la garde partagée effective. Cela diminuera la part d’inconnu, source d’angoisse.

Expliquez-lui votre choix : le fait que la résidence partagée lui permettra de voir autant l’un que l’autre. Expliquez-lui ce qui changera et ce qui ne changera pas. Ce qui ne change pas est tout aussi important à ses yeux. En effet, il sera moins perdu s’il conserve quelques-uns de ce ses repères actuels.

Demandez-lui ce qu’il ressent, laissez-lui la parole, laissez-le s’exprimer librement. Cela fait partie du cheminement. Accueillez ses émotions avec écoute et bienveillance

Préserver le maximum de ses repères et de ses routines c’est préserver une certaine stabilité psychologique. Essayez autant que possible de ne pas le changer d’école. Il continuera ainsi à fréquenter ses amis, de pratiquer ses activités extrascolaires, comme avant.

Mais attendez-vous à des changements dans son comportement : repli sur lui-même, colère, tristesse, baisse des résultats scolaires, etc. C’est une phase normale à travers laquelle il exprime son mécontentement. Il aura besoin de temps pour accepter la nouvelle.

Même si beaucoup d’adultes se séparent, c’est un drame pour lui et c’est bien naturel. Appuyez-vous sur des livres dans lesquels il peut s’identifier aux personnages. Ne laissez pas s’installer le sentiment d’abandon : malgré la situation, il doit se sentir important et aimé.  

Les liens affectifs et la garde partagée : comment gérer la distance, la séparation et les retrouvailles ? 

Va se poser la question de la distance avec chacun des parents et celle de la préservation de son équilibre affectif. Dites-lui qu’il est possible pour lui de dire quand l’autre parent lui manque, que des échanges visio et téléphoniques peuvent être organisés entre les mouvements de la garde partagée et que des sorties ou repas tous ensemble peuvent même être mis en place (si vos relations sont cordiales). Au début de la séparation, si l’enfant le souhaite, autorisez-le à appeler le parent absent. Écoutez ses besoins, s’il est en âge de les exprimer, et répondez-y du mieux possible.

La garde partagée impose une séparation avec l’un de ses parents pour retrouver l’autre. Ce n’est donc pas une situation facile pour lui. La transition doit se faire dans un contexte serein et paisible pour l’enfant. Chaque “départ” sera synonyme à la fois de tristesse et de joie, des émotions ambivalentes pas évidentes à gérer pour un enfant. Prenez le temps de préparer ses affaires avec lui avant de rejoindre l’autre, positivez (les bons moments passés ensemble, ceux à venir prochainement, etc.).

Gardez vos éventuelles rancœurs pour vous et restez toujours cordial.e et respectueux.se envers votre ex-compagnon/compagne devant votre petit. Si vous avez besoin de parler de votre situation,  faites-le avec un proche, un professionnel, pas avec votre enfant. En effet, les questions juridiques, financières, matérielles ou personnelles doivent absolument rester entre adultes, loin de leurs oreilles, il ne doit pas se sentir source de problème dans la garde partagée.

Garde partagée et suivi psychologique de l’enfant
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De l’importance de sa bonne santé mentale : optez pour un suivi psychologique de l’enfant  

Ne laissez surtout pas un mineur enfermé dans un mal-être moral. Si malgré tous vos efforts, il ne semble pas surmonter la situation, faites-vous accompagner. Un mal-être psychologique engendre des maux physiques : maux de tête, maux de ventre, nausées, troubles du sommeil, etc.

Un changement de comportement qui s’inscrit dans la durée et/ou qui comporte des excès de colère réguliers, des problèmes importants de comportement à l’école, une chute des résultats scolaires, des troubles du comportement alimentaire, doit vous amener à consulter soit un médecin soit un pédopsychiatre (spécialiste de la psychologie infantile). Cela lui permettra de retrouver l’apaisement et l’aider à se sentir mieux.


Sources :

Naître et grandir. L’enfant au cœur de la séparation. Naitre et grandir, 2018. Disponible sur : https://naitreetgrandir.com/fr/dossier/enfant-au-coeur-de-la-separation/

DECIS Sophie, LEGRAND Emilie. Couple séparé, parents associés : guide pratique pour une coparentalité réussie. Paris : Enfance et partage, 2019, 47 p. Disponible sur : https://enfance-et-partage.org/wp-content/uploads/2019/06/guide-parentalite-1406-1.pdf