Si l’enfance doit être une période heureuse, faite de joies, de découvertes, de jeux et de moments agréables passés en famille, il n’est pas rare qu’elle soit perturbée. Des événements de natures différentes peuvent entacher le bien-être affectif de l’enfant, de la fratrie et des parents. Qu’est-ce qu’un conflit familial ? Comment résoudre les conflits familiaux ? Comment le préserver et l’aider à gérer sa colère et ses émotions ?
Qu’est-ce qu’un conflit familial ?
Il existe différents types de conflits familiaux.
- Au sein du couple : une séparation ou un divorce peut être la source de nombreux maux dans la maison. Il est essentiel d’expliquer aux enfants que ces derniers ne sont en rien responsables de la rupture familiale.
- Au sein du noyau familial même, les conflits familiaux peuvent s’illustrer sous différentes formes :
- Problème d’autorité parentale : les disputes parent-enfant peuvent engendrer des tensions sur le long terme et diminuer la qualité des échanges, rendre la communication très difficile et même parfois les liens affectifs s’effilocher.
- Conflit entre frères et sœurs : il s’agit le plus souvent de jalousie, de disputes autour de notion d’équité et de partage. Ces conflits familiaux sont passagers et liés à l’âge des petits et aux étapes du développement affectif. Il n’est pas rare de voir ce type de conflits dans les familles recomposées. En effet, recréer le noyau familial n’est pas toujours évident : beaux-parents et enfants doivent retrouver leur place, créer de nouveaux repères.
- Plus largement au sein de la famille : il peut s’agir de tabous, de secrets de famille, de question d’héritage et de succession, de prise en charge d’un parent devenu une personne âgée dépendante. Les conflits familiaux peuvent aussi être liés à la place et au rôle des grands parents dans l’éducation ou l’aide apportée, de différence de points de vue entre membres ou générations. Autant de situations pouvant aboutir à des éloignements affectifs.
Les conflits familiaux, en fonction des causes, peuvent être de plus ou moins grande ampleur. Il est alors important de connaître les conséquences sur le développement affectif des petits, de savoir comment réagir afin de préserver les intérêts de l’enfant.
Les conséquences des conflits familiaux pour l’enfant
Quelle que soit la cause, l’enfant qui vit au cœur d’un ou plusieurs conflits familiaux est troublé. Pour bien grandir l’enfant a besoin de stabilité et de régularité. Généralement, il doit apprendre à faire face à un bouleversement émotionnel : le sien et celui de ses parents. À sa propre colère, tristesse, ses pleurs, s’ajoutent parfois les émotions de ses parents.
Il va devoir apprendre à faire le deuil d’une vie passée, accepter la situation pour pouvoir avancer. Cette étape est primordiale et si généralement elle se caractérise d’abord par un repli sur lui-même et des changements d’attitude, elle laisse ensuite la place au dialogue et à l’échange.
Il doit aussi apprendre à vivre différemment, se créer de nouveaux repères : garde partagée ou exclusive, vivre avec de nouveaux frères et sœurs, vivre sans la présence d’un papy ou d’une mamie, etc.
Si les conflits familiaux ne sont pas rares, il ne faut pas pour autant minorer ses sentiments ni négliger les conséquences pour la santé de l’enfant. Concrètement, cela peut se traduire très rapidement par :
- Un mal-être physique : maux de tête, engourdissements, maux de ventre, nausées, vomissements, etc.
- Un mal-être mental : incompréhension, doutes sur l’amour des parents, stress, peur de l’abandon, culpabilité, tristesse, colère, dépression, isolement, etc.
Sur le moyen et long terme, les conséquences des conflits familiaux peuvent être plus graves. Elles peuvent provoquer :
- Des difficultés de concentration, des résultats scolaires en baisse, des problèmes de comportement à l’école.
- Des troubles du sommeil
- Des troubles du comportement alimentaire.
Si les conflits familiaux sont parfois inévitables, gardez en tête son besoin de sécurité affective et veillez à être à l’écoute de ses émotions pour l’accompagner avec bienveillance et amour.
Comment préserver les intérêts de l’enfant dans les conflits familiaux et l’aider à gérer ses émotions ?
La gestion des conflits familiaux n’est pas toujours simple et nécessite souvent du temps, mais dites-vous qu’il existe toujours une solution. Mais alors comment résoudre les conflits familiaux et préserver l’intérêt des petits ? Le plus important pour vous est de ne pas rester seul face aux problèmes familiaux. Faites-vous accompagner, bénéficiez d’un soutien moral et psychologique, faites-vous aider par une tierce personne. Selon la situation, il peut s’agir :
- D’un médiateur familial,
- D’un psychologue familial ou d’un pédopsychiatre.
L’intervention d’une personne extérieure permet bien souvent d’apaiser une situation conflictuelle, de libérer la parole dans le respect de chacun. Ces séances peuvent recréer petit à petit un socle et un cadre pour des relations plus cordiales, plus douces et permettre à terme à chacun de retrouver sa place et de s’épanouir.
À la maison, quelques principes simples s’imposent pour le préserver des conflits familiaux :
- Laissez les conversations des adultes aux adultes. Il est important que ces dernières ne se passent pas en sa présence.
- Si jamais il a pu être témoin de discussions tendues entre adultes, ne minimisez pas ce qu’il a vu. Expliquez avec des mots simples ce qu’il peut comprendre en gardant pour vous les détails qu’il n’a pas à connaître.
- Utilisez des livres pour créer un espace d’échange et de communication et vous permettre de trouver les bons mots.
Si l’on compare souvent l’enfant à une éponge, c’est parce qu’il a la capacité de prendre et de garder en lui tout toutes les situations qu’il vit et les émotions associées. Si vous ne les libérez pas, elles resteront en lui et généreront un tourbillon intérieur auquel il aura du mal à faire face. C’est pourquoi discuter est essentiel. Ne sous-estimez pas le pouvoir de compréhension d’un bébé.
Comprendre et gérer les conflits familiaux entre frères et sœurs
La jalousie et les disputes entre frères et sœurs sont fréquentes dans chaque foyer et tout à fait normales.
L’un se sent moins important lorsqu’il constate l’attention apportée par ses parents à l’autre. Cette rivalité peut engendrer des crises, des pleurs, et parfois une violence physique : mécontent, il mord, griffe et tape.
Ces conflits familiaux (mineurs) s’observent surtout dans les familles avec des enfants âgés de 2 à 4 ans. En effet, la notion de partage (affection ou objets) reste une notion complexe et peu acceptée à cet âge.
De plus, le sentiment de jalousie est accentué chez les petits d’âge préscolaire. Ils sont à une étape importante dans leur vie : l’affirmation du moi. Une période de leur développement affectif marqué par la construction de leur identité. Le petit est alors centré sur sa personne et seuls ses besoins comptent. La notion d’empathie arrive plus tard, leur réalité s’arrête à eux-mêmes puisqu’ils apprennent tout juste à prendre conscience qu’ils sont indépendants de leurs parents.
Ainsi l’attention portée aux plus petits ou aux grands est rarement perçue comme positive. Ils peuvent ressentir un manque d’amour vis-à-vis de leurs parents.
Pour l’enfant, être agressif lui permet de s’affirmer, se défendre ou protéger sa place. En effet, il n’est pas facile de se trouver une place dans une fratrie. Il est donc important d’être dans l’écoute des besoins de chacun. En tant que parent, vous devez trouver des arrangements et parfois négocier pour aider vos enfants à mieux s’entendre. Il est tout aussi important de rester calme en expliquant les règles de la maison : le respect et l’amour inconditionnel des parents pour chaque enfant. Vous devez également prendre du temps avec eux individuellement. Chacun a également besoin d’un temps pour lui pour pouvoir respirer et souffler !
Sources :
Accompagner les conflits pour faciliter la préservation des liens familiaux. In : Dessine-moi un parent – Stratégie nationale de soutien à la parentalité. Paris : Ministère des solidarités et de la santé, Direction générale de la cohésion sociale, pp. 39-65. Disponible sur : https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/strategie_nationale_2018-2022.pdf
Francine Ferland. L’agressivité chez l’enfant de 0 à 5 ans. Montréal (Canada) : CHU Sainte-Justine, 2018, 244 p.