Au sein d’une famille, on prend soin les uns des autres, on s’aime et on se protège. Pourtant, il arrive parfois que certains abusent de la confiance que leur famille place en eux pour faire du mal aux autres. Ainsi, 160 000 enfants subissent des violences sexuelles chaque année, en partie liée à des membres de leur propre famille. Qu’est-ce que l’inceste ? Comment savoir si l’on en est victime ? Que dit la loi ?
L’inceste, c’est quoi ?
L’inceste, c’est une agression sexuelle entre personnes de la même famille. Cela peut être une pénétration vaginale, orale ou anale, y compris avec les doigts ou un objet. C’est aussi des attouchements sur les parties intimes, des actes de masturbation ou d’exhibitionnisme ou encore des baisers forcés.
Mais l’inceste se manifeste également par une emprise, une violence psychologique, une culpabilisation ou du chantage affectif. Ainsi ce ne sont pas que des actes sexuels, mais cela englobe tout ce qu’il y a autour : honte, culpabilité, envahissement psychique, isolement, déni par les autres adultes voire rejet (notamment quand l’enfant ou l’adolescent parle).
Ce genre de comportements commis sur un mineur par une personne ayant « une autorité de droit ou de fait » (père / mère, grands-parents, frère / sœur, oncle / tante, neveu / nièce, cousin-e, ou le/la conjoint.e de l’une de ces personnes) sont considérés de la même manière que des viols et des agressions sexuelles.
Suis-je victime d’inceste ou l’ai-je été ?
Certains gestes peuvent te sembler gentils, doux, tendres, mais ils ne sont parfois pas anodins. Si un membre de ta famille a des gestes déplacés, qui te dérangent, comme caresser tes parties intimes, ta poitrine, s’il te propose de faire l’amour avec toi : c’est de l’inceste. Si cette personne te dit que personne ne doit le savoir, si tu ressens un malaise : parles-en à un adulte de confiance (infirmière scolaire, membre de ta famille, éducateur, etc.).
Les victimes d’inceste gardent des cicatrices profondes toute leur vie. Elles développent plus facilement des problèmes de santé chroniques, qu’ils soient physiques ou mentaux. Il existe des signes qui peuvent révéler que tu as pu être victime d’inceste (mais toutes les victimes ne les ressentiront pas forcément) :
- Une mémoire défaillante. Les agressions sexuelles peuvent ressurgir brutalement dans la mémoire à la suite d’un élément déclencheur, comme la lecture d’un livre ou le visionnage d’un film, ou suite à un changement d’environnement. Dans d’autres cas, tu peux avoir beaucoup de mal à te rappeler certains moments : ton cerveau tente d’oublier les événements traumatiques ;
- Une forte vigilance et des peurs inexplicables d’agresseurs potentiels te hantent ;
- Une mémoire corporelle : des odeurs, des sons ou des endroits peuvent te mettre mal à l’aise ou t’angoisser, car ils te rappellent les moments d’inceste ;
- Des sentiments de culpabilité, de honte, souvent associés à une dépression, t’assaillent ;
- Une peur de l’intimité et des problèmes importants de confiance en toi surgissent ;
- Un sentiment d’irréel peut naitre : les victimes ont la sensation d’être déconnectées de leur corps et de leur identité ;
- Une adolescence et une vie de jeune adulte asexuée ou sur-sexuée ;
- Une réactivité exacerbée aux histoires des autres : les victimes d’inceste, profondément affectées par leur vécu, peuvent ressentir la douleur d’autres victimes par empathie.
Que dit la loi ?
La loi interdit d’avoir des relations d’ordre sexuel avec un membre de sa famille. On ne fait pas l’amour avec son père ou sa mère, ni avec son frère ou sa sœur, ou toute autre personne de la famille. Ce sont des principes et des valeurs de base dans notre société.
La loi du 21 avril 2021, visant à protéger les mineurs des crimes et délits sexuels et de l’inceste, a créé quatre nouvelles infractions :
- Le crime de viol sur un mineur de moins de 15 ans,
- Le crime de viol incestueux sur un mineur de moins de 18 ans,
Ces deux crimes sont punis de 20 ans d’emprisonnement. - Le délit d’agression sexuelle sur un mineur de moins de 15 ans, précisant que constitue également une agression sexuelle le fait « d’imposer à une personne, par la violence, contrainte, menace ou surprise, le fait de subir une atteinte sexuelle de la part d’un tiers ou de procéder sur elle-même à une telle atteinte ».
- Le délit d’agression sexuelle incestueuse sur un mineur de moins de 18 ans.
Ces deux délits sont passibles de 10 ans d’emprisonnement et de 150 000€ d’amende.
La question du consentement de l’enfant ou de l’adolescent ne se pose donc plus. En-dessous de 18 ans, dans les affaires d’inceste, le consentement ne peut JAMAIS être donné.
La loi dite Schiappa du 3 août 2018, renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes, a allongé le délai de prescription pour les crimes sexuels sur mineurs. Tu as jusqu’à 30 ans à compter de ta majorité, c’est-à-dire jusqu’à tes 48 ans, pour dénoncer les actes que tu as subis.
A qui demander de l’aide en cas d’inceste ?
Ne reste pas seul.e, on te croit !
Interdit et sévèrement puni par la loi, il est nécessaire de parler de l’inceste à une personne de confiance (un parent, l’infirmière scolaire, un professeur, un éducateur, ton médecin ou une assistante sociale, etc.) si tu penses en être victime. L’adulte pourra alors t’aider et entreprendre des démarches pour que tu sois en sécurité. Tu peux aussi contacter une structure près de chez toi comme :
- un Centre de santé sexuelle,
- une Maison des ados,
- un Centre d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF),
- l’association France victimes, etc.
Retrouve toutes leurs coordonnées dans notre page « Structures« .
Tu peux aussi contacter le 119, Allô Enfance en Danger, 24h/24 et 7j/7, numéro pour les jeunes en danger. Tu pourras également être écouté.e en contactant la ligne dédiée « On vous croit » au 0805 802 804 (entre 10h et 19h ). L’appel est gratuit et anonyme pour ces 2 numéros.
Enfin, tu peux écrire à la CIIVISE (Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants) que tu sois victime ou proche d’une personne concernée par l’inceste.
Sources :
LUMNI. Sexotuto : l’inceste. Paris : France TV, 2021. Disponible sur : https://www.lumni.fr/video/l-inceste#containerType=program&containerSlug=sexotuto (consulté le 13/06/2023)
ONSEXPRIME. L’inceste. Santé publique France. Disponible sur : https://www.onsexprime.fr/Sexe-Droits/Victime-d-abus/L-inceste (consulté le 13/06/2023)
THE CONVERSATION. Ces climats familiaux qui favorisent l’inceste. Disponible sur : https://theconversation.com/ces-climats-familiaux-qui-favorisent-linceste-153954 (consulté le 13/06/2023)
VIE PUBLIQUE. Loi du 21 avril 2021 visant à protéger les mineurs des crimes et délits sexuels et de l’inceste. Disponible sur : https://www.vie-publique.fr/loi/278212-loi-21-avril-2021-violences-sexuelles-sur-mineurs-et-inceste (consulté le 13/06/2023)