Quel âge pour les écrans ? Des repères temporels pour les introduire



Smartphone, console de jeux vidéo, tablette, les écrans sont omniprésents dans notre quotidien et celui de nos enfants. De nombreux parents se retrouvent désorientés et manquent de repères pour fixer des règles relatives à leur usage. Quel âge pour regarder la télé ? À quel âge offrir sa première tablette à un enfant ? Cet article a pour objectif de vous guider dans la mise à disposition des écrans en fonction de l’âge de votre enfant. Découvrez également nos conseils pour les accompagner au mieux dans la découverte des écrans.

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Quel âge pour les écrans ? La règle des 3 – 6 – 9 – 12

Pour répondre aux questions de nombreux parents et professionnels de l’enfance, le psychiatre Serge Tisseron a établi une feuille de route pour l’introduction des écrans dans la vie des enfants. Ces marqueurs temporels correspondent à des changements dans la vie de l’enfant, de l’entrée à l’école maternelle à l’adolescence. Quel âge pour Internet ? Combien d’heures par jour est-il raisonnable de laisser son enfant devant les écrans? Ce spécialiste de l’enfance nous apporte quelques éléments de réponse.

Pas de télévision avant 3 ans

Les écrans avant 3 ans sont fortement déconseillés. Entre 0 et 3 ans, le jeune enfant a besoin d’explorer son environnement avec ses 5 sens et d’interagir avec le monde qui l’entoure pour se développer. Devant la télévision, le bébé reste passif. Ce temps passé devant les écrans se fait au détriment du développement de ses capacités motrices et langagières, notamment. Même en bruit de fond, la télévision nuit au bon développement de l’enfant en perturbant son attention, ce qui l’empêche de se livrer à des activités d’exploration. Elle est donc à proscrire dans toute pièce où se trouve un bébé.

Que penser des applications d’éveil sur tablette ? Les écrans interactifs comme les tablettes offrent davantage de possibilités en termes d’apprentissage, mais ne doivent pas se substituer aux jouets traditionnels. Leur utilisation doit rester modérée et encadrée par un adulte. Si vous souhaitez les introduire, choisissez des logiciels qui impliquent une narration et soyez toujours présent pour accompagner votre enfant lorsqu’il joue. Programmez des périodes de jeu courtes, de 10 à 15 minutes maximum.

Pas de console ou tablette personnelle avant 6 ans

Entre 3 et 6 ans, il est important que l’enfant consacre la majorité de son temps libre à des activités qui développent ses habilités motrices et son imagination. Bricoler avec ses 10 doigts participe à sa compréhension du monde et à la maturation des régions cérébrales concernées. Jouer à des jeux de rôle avec ses camarades stimule son imagination et lui permet d’apprendre à gérer ses émotions. Les écrans ne doivent en aucun cas se substituer à ces activités essentielles. Leur offrir une tablette personnelle ou une console à cet âge pourrait les détourner des jouets traditionnels et les enfermer dans une pratique solitaire et compulsive du jeu. À cet âge, l’usage des écrans doit toujours être accompagné d’un adulte. Privilégiez les jeux éducatifs sur tablette aux jeux vidéo. Proposez-lui des activités ludiques qui vont l’aider à développer son intelligence, prendre des initiatives et stimuler son imagination.

La découverte d’Internet vers 9 ans

Beaucoup de jeunes enfants démontrent des habilités étonnantes avec les tablettes ou smartphones, naviguant en toute aisance parmi les applications. Le fonctionnement d’Internet est beaucoup moins intuitif. Ce n’est que vers l’âge de 9 ans que l’enfant possède les capacités cognitives nécessaires pour appréhender la logique intrinsèque du Net. Naviguer sur la toile suppose dans un premier temps une maîtrise de la lecture et de l’écriture, des habilités acquises progressivement entre 6 et 9 ans.

Mais ce n’est pas tout ! Une seule recherche sur le Web fournit à l’internaute des millions de résultats et d’avis différents. Surfer et chercher de l’information nécessite de pouvoir prendre en compte des points de vue autres que le sien. Or, le jeune enfant possède encore une lecture du monde basée sur sa propre expérience, que l’on appelle pensée égocentrique. Le processus de décentration commence seulement vers l’âge de 6 ans. Progressivement, l’enfant va commencer à envisager des points de vue différents du sien et se situer par rapport à l’ensemble des perspectives possibles. À cet âge, un accompagnement parental est indispensable pour l’aider à adopter un regard critique face aux contenus et le sensibiliser à la trace laissée par la diffusion de ses informations personnelles.

Et les réseaux sociaux ? Communiquer sur les réseaux sociaux est un exercice encore plus complexe qui demande une certaine maturation cognitive. L’enfant doit être capable de raisonner et d’établir des hypothèses détachées de sa propre expérience. Ces capacités d’abstraction ne sont accessibles qu’à l’adolescence.

Retrouvez l’ensemble des recommandations à l’usage des écrans de Serge Tisseron.

Comment accompagner les enfants dans la découverte d’Internet ?

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Par peur d’être trop intrusifs ou suite à un sentiment d’incompétence par rapport aux nouvelles technologies, beaucoup de parents se sentent démunis quand il s’agit d’accompagner leur enfant dans leur usage des médias. Or, ce n’est pas parce qu’ils semblent se débrouiller mieux que nous qu’ils n’ont pas besoin d’être guidés. Entre restrictions et laisser-faire, comment doser l’autonomie accordée aux enfants ?

Pourquoi la médiation restrictive seule est-elle inefficace ?

Grâce au filtre de contrôle parental, il est très facile pour les parents d’interdire l’accès à certains sites jugés comme inadaptés à l’âge de l’enfant ou potentiellement dangereux. Pourtant, ce type de dispositif se révèle peu efficace s’il n’est pas accompagné d’un dialogue. Non informés de la présence d’un tel logiciel, les enfants risquent de se faire une fausse représentation du Web et d’être fortement surpris le jour où ils auront accès à un ordinateur sans filtre parental.

Surveiller régulièrement les contenus consultés par les enfants ou leur interdire l’accès à certains réseaux n’est pas la manière la plus efficace pour les protéger. S’il s’aventure sur un site non autorisé et y rencontre un problème, il aura beaucoup plus de difficultés à se confier à ses parents, sachant qu’il a transgressé un interdit. De plus, au fur et à mesure que l’enfant grandit, ces comportements intrusifs s’opposent à son désir d’autonomie et son besoin d’indépendance.

Une guidance parentale basée sur le dialogue

Une guidance parentale bienveillante vise à fournir des balises pour une navigation responsable. Elle permet à l’enfant de découvrir les différentes opportunités offertes par cet outil numérique, tout en le sensibilisant aux situations à risque. Une médiation basée sur le dialogue et le partage sera beaucoup plus efficace sur le long terme. En cas de situation problématique, votre enfant saura qu’il peut se tourner vers ses parents pour l’aider. Le moment idéal pour mettre en place ce type de médiation se situe entre 7 ans et le début de l’adolescence. Attentif aux conseils de ses parents, l’enfant de cet âge apprécie partager des activités avec ses parents. Asseyez-vous à ses côtés pour l’inciter à explorer le Net.

S’intéresser aux médias avec votre enfant ne va pas augmenter le risque de développer une pratique excessive, bien au contraire. Ces activités font aussi partie de ces centres d’intérêt et constituent autant d’opportunités de renforcer votre lien de complicité avec votre enfant.


Sources :

Caron F.M. (page consultée le 25/11/19). Mpedia, [en ligne]. https://www.mpedia.fr/art-les-ecrans-danger/

Guidetti M, Tourrette C. Introduction à la psychologie du développement. 3ème éd. Paris : Armand Colin; 2008.

Minotte P. Comprendre et gérer nos appétits numériques. Mardaga; 2015.

Tisseron S. Grandir avec les écrans. Yapaka.be Temps d’arrêt Lectures; 2013.