Écrans et concentration : quel impact ?



Alertes Facebook, jeux vidéo, télévision, l’attention des enfants est mise à rude épreuve au quotidien face aux nombreuses distractions offertes par les nouvelles technologies numériques. Or, de bonnes capacités attentionnelles sont à la base des apprentissages. Trop de temps passé sur les écrans peut nuire à la concentration de votre enfant. Quel est l’impact d’un abus d’écran sur le développement cognitif et les apprentissages ? Comment l’excès de stimulation influence-t-il les capacités attentionnelles ? Découvrez nos conseils pour aider les enfants à mieux se concentrer à l’ère du numérique.

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Comment fonctionne l’attention ?

Notre cerveau ne prend réellement conscience du monde qui l’entoure que lorsqu’il y prête attention. La concentration est à la pierre angulaire du fonctionnement cognitif, dont dépendent directement la mémorisation, et par conséquent les apprentissages. Les facultés attentionnelles se développent chez le tout-petit et évoluent avec l’âge jusqu’à la fin de l’adolescence.

Être attentif, pas si simple !

Être attentif, ce n’est pas seulement regarder ou écouter. C’est être capable de faire abstraction de tout ce qui se passe autour de soi pour se concentrer uniquement sur la tâche en cours. La concentration suppose donc un réel engagement. Elle dépend de mécanismes neurobiologiques complexes impliquant plusieurs circuits cérébraux logés dans le cortex frontal. Pour pouvoir se concentrer sur son devoir de mathématiques ou sur la lecture d’un texte, l’enfant doit être capable de filtrer toutes les informations parasites en provenance de l’environnement. Il doit aussi inhiber toutes les pensées intrusives qui viennent l’assaillir. Ce mécanisme de contrôle qui nous permet de résister aux distractions est influencé par de nombreux facteurs comme les émotions, le sommeil et la motivation. 

L’attention volée par les écrans

Si l’attention peut être dirigée par la volonté, elle peut aussi être facilement détournée par des distractions. Les stimulations visuelles et sonores abondent de toutes parts avec la multiplication des médias. Un téléphone qui vibre une cinquantaine de fois sur l’heure, la télévision en bruit de fond dans le salon, les écrans fragmentent nos périodes de concentration. Que ce soit à l’école ou à la maison, les périodes de concentration sont de plus en plus entrecoupées.

Comment les écrans influencent-ils la concentration ?

Attention captée ou dirigée : quelle différence ?

Votre enfant ne parvient pas à rester concentré durant plus de dix minutes sur un texte écrit ou un raisonnement, mais peut passer des heures sur son jeu vidéo ? Ce phénomène s’explique par le type de système attentionnel mis en jeu lors de ces deux tâches. Dans le cas du jeu vidéo ou de la télévision, c’est le monde extérieur qui vient stimuler l’attention sans que l’enfant ne doive réaliser d’effort. Les formats visuels rapides, le rythme narratif soutenu et la présence d’éléments sonores ou visuels saillants à intervalles réguliers parviennent à capter et maintenir l’attention facilement. Les concepteurs d’émissions l’ont bien compris et font appel à ces techniques pour nous rendre accro. Les enfants qui ont pris l’habitude d’être stimulés par l’extérieur perdent de cette capacité à fixer leur attention de manière autonome et volontaire pour s’engager dans un processus de réflexion.

Pour que les fonctions attentionnelles puissent se développer chez le tout-petit, il est important d’instaurer de bonnes habitudes dès le plus jeune âge. Le bébé doit apprendre à mobiliser son attention lui-même. Les images rapides qui défilent sur les écrans provoquent une hyperstimulation qui nuit à la mise en place des capacités attentionnelles. C’est la raison pour laquelle le Centre Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) déconseille fortement l’usage des écrans avant 3 ans.

Écran et concentration : conseils pour renforcer son attention

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Rester concentré dans un monde où les stimulations abondent devient de plus en plus difficile, tant pour les adultes que pour les enfants. Voici quelques habitudes à mettre en place pour aider votre enfant.

Éteindre les écrans lors des devoirs

Les apprentissages scolaires font appel à l’attention soutenue, c’est-à-dire la capacité à rester concentré sur une période plus longue. Or, il sera difficile pour un jeune enfant de garder le fil de sa pensée dans un environnement truffé de distracteurs. Résister demande beaucoup d’efforts. Pour l’aider, ne laissez aucun écran à proximité de son bureau durant les devoirs. Durant les pauses, encouragez-le à aller prendre l’air quelques minutes ou parler avec un membre de la famille plutôt que de se ruer sur son smartphone. Reprendre le contrôle de sa propre attention après une pause sur écran risque d’être beaucoup plus difficile. Plus qu’une interdiction, il s’agit de lui faire prendre conscience que notre quotidien est rempli de « voleurs d’attention« .

Éviter aux écrans d’interférer sur le sommeil

Les capacités attentionnelles sont influencées par le sommeil. Quand nous dormons, nos neurones rejouent les différents apprentissages qui ont eu lieu durant la journée, ce qui permet de les consolider. La quantité d’apprentissage est donc directement liée à la qualité et la profondeur du sommeil, et ce, 3 fois plus chez les enfants que chez l’adulte. Ainsi par exemple, les enfants d’âge préscolaire (de 3 à 5 ans) ont besoin de 10 à 13 heures de sommeil par nuit. Or, depuis plusieurs décennies, nous dormons de moins en moins. Le petit écran n’y est pas étranger. Trop souvent utilisé avant d’aller dormir, il a un impact négatif tant sur la quantité que sur la qualité du sommeil.

Pour un meilleur sommeil, bannissez tous les écrans, portables, smartphones et consoles de jeux vidéo, de la chambre à coucher de votre enfant. Afin de favoriser l’endormissement, il est conseillé d’éteindre les écrans 1h30 avant d’aller dormir. Pour aider les plus jeunes à s’endormir paisiblement, instaurez un rituel de coucher à heure fixe et sans écran.

Mobiliser la concentration des enfants

Il n’y a pas que les apprentissages scolaires qui font appel aux capacités attentionnelles. Beaucoup d’activités ludiques et plaisantes sont l’occasion de développer la concentration des enfants tout en s’amusant. Citons parmi celles-ci les jeux d’observation, de mémoire et de patience, mais aussi le sport. Apprendre de nouvelles règles, se concentrer pour bien viser ou réfléchir à une stratégie, de nombreux sports nécessitent d’être attentif.

Savoir contrôler son attention de manière à sélectionner uniquement les informations pertinentes est un enjeu essentiel pour les apprentissages. L’apparition des TIC, acronyme pour Technologie de l’Information et de la Communication, a bouleversé nos modes de vie, offrant de nombreuses sources de distractions potentielles au cerveau. Les informations reçues par l’environnement sont toujours plus rapides et plus nombreuses, obligeant l’enfant à les traiter en temps réel et à faire le tri rapidement. Apprendre aux enfants à mieux se concentrer implique de les aider à résister aux distractions, en leur faisant prendre conscience des effets néfastes des écrans sur leur attention.


Sources :

André C. L’attention volée. Cerveau&Psycho. 2011 Sept;(47):42-47.

Causse C. Vivre avec un enfant hyperactif. Alpen; 2006.

Desmurget M. Médias modernes et passivité attentionnelle. Cerveau&Psycho. 2011 Sept;(47):54-57.

Ducrot G. Cerveau et apprentissage, les nouvelles stratégies d’éducation. 2019 Nov;(4):26-29.

Minotte P. Comprendre et gérer nos appétits numériques. Mardaga; 2015.