Comment parler du tabac avec ses enfants ?


Les enfants se posent très tôt des questions à propos du tabagisme. Ils ont entendu dire que le tabac était mauvais pour la santé, mais alors, pourquoi certains de leurs proches fument-ils ? Quels sont les risques liés à la consommation de tabac ? Autant de questions auxquelles vous pouvez répondre afin de renforcer l’attitude critique de votre enfant face au tabac

A partir de quel âge peut-on parler du tabac à des enfants ?

Vous pouvez aborder la question du tabac à partir de 8 ou 9 ans, selon les enfants. Soyez ouvert à la discussion et expliquez à votre enfant que vous pouvez en parler avec lui à tout moment s’il le souhaite.

« Entre 8 et 12 ans, les enfants ont tendance à diaboliser les fumeurs et le tabac, dont l’univers leur apparait très lointain voire menaçant. Au moment de l’entrée dans l’adolescence, la cigarette devient un moyen d’expérimentation ».
« C’est à l’adolescence que le comportement tabagique se consolide. Le passage de l’expérimentation à l’installation dépend de différents facteurs :
la personnalité de l’enfant, et particulièrement sa capacité à résister
– les pairs : avoir des amis fumeurs est un facteur important d’installation dans le tabagisme

Comment en parler ?

Quelles que soient les questions que se pose votre enfant, vous ne devez pas avoir peur d’aborder le sujet. Ce dialogue permet à votre enfant de renforcer ses compétences psychosociales et son regard critique face au tabac.

Vous pouvez dire à votre enfant que la plupart des gens ne fument pas et lui expliquer les risques du tabagisme de façon objective.

S’il vous demande pourquoi certaines personnes de votre entourage fument, essayez de lui faire comprendre qu’il peut y avoir différentes raisons à cela : au début on commence à fumer par curiosité, pour faire comme ses copains, puis au fil du temps, on devient dépendant car notre corps s’est habitué à la cigarette et l’envie de fumer est devenue très forte. Lui préciser également que la plupart des personnes qui fument ont envie d’arrêter.

Quelle posture adopter ?

Ne pas interdire pour interdire mais dialoguer. L’autorité doit s’exercer dans le dialogue. Instaurer un climat de confiance. Ne pas minimiser leurs difficultés et saisir les occasions de les féliciter ou de les encourager dans leurs choix. Au-delà des informations qu’on peut leur donner sur le tabac, il s’agit de s’interroger avec eux sur les raisons qui les ont amenés à fumer et de chercher à développer leurs propres ressources.

« Il est aujourd’hui admis que le phénomène de dépendance à l’oeuvre dans la consommation de substances psycho-actives est de même nature qu’il s’agisse du tabac, de l’alcool ou d’une autre drogue. Quel que soit le produit licite ou illicite, les comportements de dépendance auront globalement les mêmes caractéristiques cliniques et les mêmes mécanismes neurobiologiques.
Il semble donc important de ne pas fournir aux jeunes uniquement des connaissances sur les produits mais de travailler plutôt avec eux sur les facteurs déclenchant cette consommation. L’importance de l’interaction entre le jeune et son environnement familial et social pour expliquer la rencontre avec une substance est clairement mis en avant par différentes recherches.
On ne va pas consommer le même produit selon son milieu d’origine, selon ses pratiques culturelles, selon son réseau de sociabilité
Développer chez les jeunes une certaine habilité sociale à gérer leur intégration dans l’environnement semble être un facteur de protection important (savoir résoudre un problème, savoir résister à l’influence sociale, avoir une pensée critique, …). Les leviers sur lesquels nous pourrons agir seront les représentations, les attitudes et les compétences développées par les jeunes.
Enfin, il existe des facteurs individuels de vulnérabilité qui vont contribuer à l’amorce de ces comportements à risque. Tous les jeunes ne vont pas essayer toutes les drogues et à consommation égale, deux personnes n’ont pas les mêmes risques de devenir dépendant ».

Parler du tabac avec les enfants jusqu’à 12 ans

Le tabac est le produit qui paraît générer le plus de peur chez les moins de 14 ans. Le risque évoqué par ces jeunes est le risque de cancer, les autres risques liés à la consommation de tabac ne paraissent pas connus.
Le cancer évoque des images de mort et suscite la peur mais ces jeunes semblent disposer de peu de connaissances sur le lien entre ce risque et la consommation de tabac.
En ce qui concerne les motivations évoquées par les jeunes pour arrêter : la peur de mourir et le risque de cancer sont évoqués parfois en lien avec des décès dans l’entourage.
Pour tenter d’éviter aux enfants de tomber dans le piège de la première cigarette, parents, enseignants, acteurs sanitaires et éducatifs, nous avons tous un rôle à jouer pour accompagner l’enfant dans la conquête de son autonomie et de son indépendance, par rapport à la tentation de substances nocives pour sa santé.
Chacun peut aider l’enfant à acquérir les connaissances et renforcer les compétences susceptibles de lui faire adopter des attitudes et comportements cohérents pour un développement harmonieux.

Plutôt que d’évoquer les dangers qui pour la plupart ne les concernent que de très loin, il s’agit de les inviter à s’exprimer sur la place du tabac et des dépendances dans leur vie quotidienne et à réfléchir aux possibles implications de l’usage du tabac.
Il ne s’agit aucunement de leur imposer un modèle auquel s’identifier de manière aveugle, ou une norme de comportement à laquelle se confirmer sans tenir compte de leur personnalité ou des caractéristiques de leur environnement.


Sources :